« Dans le « Gorgias », Socrate lance la célèbre phrase : « Nul n’est méchant volontairement. »
Je la considère comme un viatique à emporter avec moi, dès que je quitte ma maison. Et, pour tout dire, à domicile aussi, même seul, elle m’aide.
« Nul n’est méchant volontairement. » : Le pire des scélérats, comme les jeunes filles qui se sont moquées de moi hier, tous nous aspirons au bonheur. Voilà ce qui nous unit ! Le bouddhisme étant l’intuition.
Mon chat Zénon, mes hamsters Cars et Moustache, tous les êtres vivants désirent ne pas souffrir. Dès lors, chacun de nos actes, nous le posons dans l’espoir d’éviter la souffrance et de nous rapprocher peu ou prou de la joie. Derrière la maladresse des yeux moqueurs, sous l’insulte de cet automobiliste trop pressé, je peux donc deviner un désir, le souhait de vivre bien.
Mais pourquoi, diable alors, me cause-t-il du mal ? C’est peut-être tout simplement parce qu’il s’y prend mal. Inconsciemment, il s’imagine sans doute qu’en se défoulant ainsi, il s’épanouit. Alors qu’au contraire, je suppose, toute méchanceté est un auto-goal, un boomerang que l’on s’envoie dans la figure.
« Nul n’est méchant volontairement. » relève de la foi, plus que de la certitude. Le spectacle de l’actualité pourrait m’en faire douter, mais je veux y croire pour ne condamner personne et voir en chaque être humain : un compagnon de route sur le chemin du bonheur, chemin sur lequel nous nous égarons si facilement. »
Alexandre Jollien